En ce début de 21ème siècle, les enjeux politiques, notamment sur le plan culturel et professionnel, sont multiples et complexes. D’une part, les métiers changent et certains sont amenés à disparaître au profit de nouveaux. L’accompagnement social et humain doit être, par conséquent, reconsidéré à l’aune de cette nouvelle ère de la troisième révolution industrielle[1]. D’autre part, l’environnement économique et culturel dans son ensemble, tous secteurs confondus, se caractérise par une compétitivité accrue et des évolutions en matière technologiques et structurelles de plus en plus complexes. Cela nécessite une plus grande flexibilité dans les compétences et les comportements des individus au sein des entreprises.
Les nouvelles formes d’organisation, l’internationalisation des échanges, les évolutions des méthodes de management et d’évaluation, la nouvelle génération et l’émergence des nouvelles technologies, sont quelques-uns des phénomènes récents qui demandent des changements plus fréquents et une capacité d’adaptation plus grande de la part des organisations. À la logique hiérarchique et formelle des organisations viennent s’ajouter des logiques relationnelles et plus informelles souvent plus mobilisatrices et cependant plus complexes à appréhender pour l’individu et les équipes.
Le secteur du spectacle vivant qui s’inscrit depuis toujours dans une économie de prototypes opérationnels est par essence innovant et repose sur des métiers dits « de vocation » ou « de passion » qui se caractérisent par une forte teneur relationnelle et subjective. Il s’agit d’un domaine dans lequel sont a priori favorisés les individus plutôt que les processus et les outils au sein d’un environnement ludique et créatif. L’adaptation et la collaboration sont également des principes de développement qui ne sont pas sans rappeler la « méthode AGILE »[2].
Or, le modèle du secteur du spectacle semble avoir essaimé dans d’autres qui semblaient s’en distinguer. En ce sens, ce secteur professionnel permet en retour d’appréhender les enjeux et les évolutions plus généraux du monde du travail d’aujourd’hui dans un contexte économique et social fragile et en tension. »
[1] Nous faisons référence au livre La Troisième Révolution industrielle de l’économiste Jérémy Rifkin, qui aborde une modification profonde des modes de production et le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
[2] La méthode ou approche AGILE privilégie les individus et les interactions plutôt que les processus et les outils, des fonctionnalités opérationnelles plutôt qu’une documentation exhaustive, la collaboration avec le client plutôt que la contractualisation des relations et l’acceptation du changement plutôt que la conformité aux plans.