Éthique et déontologie, par Anne Souty

Retour sur la planche du 4 mai 2022 : « L’altérité : une ressource au service de l’éthique et de la déontologie des métiers de la formation et de l’accompagnement », animée par Marc Bouchet 

Mon ami et collègue, Marc Bouchet, a toujours l’art de proposer des titres de planche qui m’interpellent ! La question que je me pose en voyant le titre de cette planche, c’est : « pourquoi, Marc, évoque-t-il l’altérité dans le titre d’une planche sur la question de l’Éthique et de la déontologie ? »

Le respect de l’altérité au cœur de notre éthique d’accompagnateur·rice·s

J’aurais la réponse à ma question dès les premières minutes de nos échanges. En effet, Marc attaque nos échanges par la définition de l’altérité.

Altérité : Caractère de ce qui est autre.

L’altérité est une ressource, parce que l’on est différents et la différence est une richesse. Mais cela créé également des effets rebonds et des effets miroirs. En effet, cette altérité questionne sur le cadre de référence de la personne avec qui on communique, sur la manière dont on aborde l’autre, notamment dans la compréhension.

Ainsi, pour respecter l’altérité dans nos accompagnements, le premier principe éthique que nous pouvons poser dans notre métier est celui « de ne pas décider. »

« Un consultant est une personne qui est consultée soit pour transmettre une connaissance, soit pour interroger à partir des connaissances d’autrui. Il n’est pas là pour décider ! »

Le.la consultant.e est partie prenante du processus de décision, mais ce n’est pas lui.elle qui décide.

Si le principe phare de l’éthique dans l’accompagnement, c’est de respecter l’altérité, alors nous pouvons nous poser deux questions :

  • Est-ce que l’on peut accompagner des personnes qui tiennent des propos contraires à nos valeurs ?
  • Au nom de l’altérité, peut-on accompagner tout le monde, y compris des personnes avec qui on n’a pas d’affinité ?

Assez vite, il nous fait sens que nous allions travailler sur des définitions.

Quelle différence entre la morale et l’éthique ?

Le mot morale vient du latin mos/mores qui est la traduction du terme grec éthos. Les deux termes ont donc la même origine étymologique.

Mais, lors de cette planche, nous avons principalement travaillé à la distinction entre la morale et l’éthique.

On retrouve ici la morale kantienne caractérisée par les devoirs « quel est mon devoir ? » et l’éthique aristotélicienne marquée par le but « comment bien vivre ? »

Au cours de cette planche, c’est bien sur la question de l’éthique professionnelle que nous avons échangé. Ainsi, Marc nous invite à lister les différents types d’éthiques :

  • Ethique de responsabilité
  • Ethique de conviction
  • Ethique de reconnaissance
  • Ethique de l’autonomie : lorsque j’accompagne une personne, je vais favoriser l’autonomie chez l’autre.
  • Ethique de dignité humaine
  • Ethique du libre arbitre

Lister les différents types d’éthiques permet de se rendre compte que l’éthique de conviction peut parfois se retrouver confrontée à l’éthique de responsabilité.

Par exemple : au vote du 2ème tour des élections présidentielles, pour certains d’entre nous, l’éthique de conviction a rencontré l’éthique de responsabilité.

  • L’éthique de conviction : je suis convaincu par aucun candidat donc je préférerais voter blanc ou ne pas voter
  • L’éthique de responsabilité : en ne votant pas, je prends le risque de voir le Front National à la tête de l’État.

On peut faire le parallèle dans nos métiers : il peut nous arriver de faire taire nos valeurs personnelles au nom de l’autonomie que l’on accompagne ; c’est donc l’éthique de conviction qui rencontre l’éthique de l’autonomie.

Quelle différence entre l’éthique et la déontologie ?

La déontologie est comme un code, une « morale » professionnelle qui recouvre un ensemble de « devoirs » (« ce qu’il faut faire »)

Finalement, on en vient à la conclusion qu’une déontologie déconnectée de l’éthique n’a pas de sens.

Ainsi, la charte déontologique que nous souhaitons mettre en place au sein de la Belle Idée sera donc :

  • notre code professionnel,
  • qui devra être connectée à une éthique partagée par tous,
  • et qui sera librement consentie par l’ensemble de ses adhérents.

Il ne nous reste plus qu’à rédiger une belle charte déontologique de La Belle Idée !

Anne Souty

Laisser un commentaire